Qui a fabriqué mes vêtements ?
Acheter mieux ne veut pas dire chercher désespérément des boutiques spécialisées au style baba cool: les enseignes que l’on connaît bien commencent doucement à se mettre à la mode éthique pour la mettre à la portée de tous.
Acheter moins: pari réussi
Il y a un trois ans, je vous proposais un mode d’emploi pour faire le tri dans votre garde-robe, basé sur mon « nettoyage par le vide » effectué pour mon déménagement. Ce tri a prouvé qu’on ne porte jamais la plupart des vêtements qu’on a en sa possession et qu’on finit toujours par s’habiller pareil, avec un look qui nous ressemble et dans lequel on se sent bien. Inutile donc de consommer massivement.
J’ai donc très peu acheté ces dernières années, en ne succombant pas à toutes les tendances, uniquement celles qui me plaisent vraiment, et en faisant du shopping sans rien acheter, simplement pour m’inspirer et me tenir au courant. Et oui, c’est tout à fait possible de se composer des nouvelles tenues en changeant seulement un top, ou un accessoire.
Acheter mieux: c’est parti !
Aujourd’hui, mon nouveau défi est d’acheter mieux, c’est-à-dire essayer de ne pas exploiter les gens qui fabriquent mes vêtements.
Voici un point sur la situation aujourd’hui.
1. Ceux qui exploitent ont de (fausses) bonnes excuses.
– Oui, dans les pays où vos vêtements sont fabriqués, la vie est moins chère donc c’est normal que les ouvriers gagnent moins que nous. Mais ce n’est pas une raison pour les exploiter: pour le moment, la majorité d’entre eux ne gagne pas de quoi vivre décemment.
– Non, vos vêtements ne vous coûteront pas plus cher si les ouvriers sont payés plus. Aujourd’hui, un ouvrier touche entre 1 et 3% du prix de revente du produit. Et ça se compte en centimes: Au lieu de gagner 20 centimes par pull fabriqué, si votre ouvrier en gagnait 40, c’est à lui que ça changerait la vie, pas à vous.
– Peut-être qu’il y a un risque que si les salaires augmentaient drastiquement dans les manufactures, certains métiers comme infirmière ou enseignant seraient du coup moins alléchants et seraient délaissés. Mais ici il faut faire un pari sur du long terme: les gouvernements percevraient aussi plus d’impôts et pourraient à leur tour augmenter les salaires dans ces métiers indispensables. De toute façon on ne peut pas continuer à exploiter les gens en se disant que les gouvernements s’en mettront plein les poches, ce n’est pas une excuse.
2. Le consommateur n’est pas informé.
On est tous plus ou moins au courant que nos vêtements sont fabriqués dans des conditions plus ou moins louches mais comme il n’y a pas vraiment d’informations précises à ce sujet, on oublie vite (ou on ignore), en faisant du shopping, que si une usine qui s’est effondrée a fait des centaines de morts, ce n’est pas un drame isolé: des milliers d’ouvriers travaillent dans des conditions indécentes tous les jours.
Malheureusement, ce type d’information vient rarement spontanément à nous, et pour l’instant, c’est au consommateur de se renseigner sur la provenance de ses vêtements. Les marques ont souvent une section « éthique » sur leur site web, mais peu la mettent en avant.
En fait, produire éthique n’est pas forcément bien perçu: cela nous fait penser à des produits chers, et ringards. Or les grandes enseignes veulent être tendance et bon marché. Certaines font malgré tout attention, mais uniquement pour éviter d’être accusées d’exploitation. Pas parce que cela fait vendre: l’éthique n’est pas un argument de vente de masse. Pour l’instant.
3. Les marques qui font des efforts, et celles qui abusent.
Il est presque impossible de contrôler réellement ce que font les marques. Beaucoup de marques qui n’ont pas recours aux conditions indécentes des ateliers de pays défavorisés sont vraiment des marques de niche et plutôt chères.
Il ne faut pas se leurrer: cela mettra du temps donc on ne peut guère espérer acheter 100% éthique pour le moment. Alors sans boycotter certaines marques (qui créent des emplois ici aussi, il ne faut pas l’oublier), je veux comparer plus et privilégier les marques qui font des efforts.
Pour cela, certaines organisations spécialisées dans le commerce éthique ont des critères de notation sur la production des marques, en tenant compte des facteurs humains et environnementaux notamment. Les notations les plus élevées se situent pour l’instant dans la moyenne, ce qui est loin d’être idéal, mais c’est mieux que rien.
J’ai relevé trois groupes bien connus qui essaient de contrôler leur production, d’apporter un salaire décent et une assurance santé à leur salariés par exemple, ainsi que de contrôler la sécurité dans leurs usines: H&M et Inditex (Zara, Bershka). C&A se distingue franchement et est dans le haut du panier, bien plus haut que la plupart marques de luxe ! Attention à beaucoup de chaînes qui se veulent plus haut-de-gamme, avec des prix bien plus élevés, mais qui sont à éviter. Levi’s en revanche est plutôt bien noté.
Mais attention, tout cela bouge très vite: il faut veiller de temps en temps, sur des sites tels que http://www.ethicalconsumer.org/ (en anglais). Le site fashionrevolution.org (dont l’illu de l’article est inspiré), ou l’appli Goodonyou sont vraiment utiles.
En espérant que nos enseignes préférées se bougent….